4 millions de téléspectateurs chaque année depuis la première saison, plus de 5 millions pour la dernière, le phénomène Fais pas ci fais pas ça ne s’essouffle pas. Depuis 8 saisons déjà, les Français se réunissent pour observer les méthodes d’éducation de la famille Lepic et de la famille Bouley. Stéphane Foenkinos, scénariste pour la saison 7 et pour la prochaine saison a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions…

 
 

Le scénariste Stéphane Foenkinos a eu la gentillesse de répondre à nos questions.
Le scénariste Stéphane Foenkinos a eu la gentillesse de répondre à nos questions.

Les idées d’Anne Giafferi et de Thierry Bizot, les créateurs de Fais pas ci fais pas ça (FPCFPC), ont accroché les téléspectateurs dès la première saison diffusée en septembre 2007 sur France 2. La série préférée des Français suit les aventures des Bouley et des Lepic, deux familles voisines résidant à Sèvres (banlieue parisienne). Deux familles, deux modes d’éducation différents. D’un côté les Lepic, attachés aux traditions, conservateurs, de droite et croyants, de l’autre les Bouley, modernes, de gauche et athées. Atteindre les cinq millions et demi de téléspectateurs après 8 saisons montre l’ampleur du phénomène FPCFPC.

 
 

Comment expliquez-vous le succès de la série ?

 
Je pense que la force de cette série c’est de se concentrer sur deux familles au statut social proche mais ayant une vision radicalement différente de l’éducation parentale plutôt que de fonctionner sur une opposition très marquée (religieuse, sociale ou culturelle). Ça a révolutionné la manière de voir la famille et c’est universel. Forcément on caricature sur quelques critères, comme le côté « bobo » des Bouley ou l’attachement aux traditions des Lepic, mais ce serait trop facile de se reposer uniquement sur ça. Comment les Bouley ont élevé leurs enfants dans une soit disant forme de laxisme et les Lepic dans une approche de l’autorité et de la morale, c’est ce qui marche vraiment. Car on voit très vite que ça ne veut rien dire (rires). Je pense qu’une des clefs du succès c’est que tout le monde peut s’identifier.
 
 

Vous abordez des sujets de société comme l’homosexualité ou le chômage sans être caricatural. Cette émotion alliée à l’humour est bien loin des sitcoms américaines où les acteurs surjouent et baignent dans les clichés…

 
Je pense qu’au-delà du cliché il faut surtout ne pas oublier que même la comédie reflète la société dans laquelle elle évolue. Donc finalement leur comédie reflète aussi leur quotidien : on ne s’exprime pas de la même manière, on ne s’emporte pas de la même manière, on n’est pas poli ou insolent de la même manière… Je pense que l’humour « à la française » est plus souvent basé sur des mots que sur des actions. Les Européens parlent beaucoup tandis que les Américains sont plus dans le visuel. Chacun voit midi à sa porte mais moi j’adore les phénomènes culturels.
 

 

Les acteurs ont dépassé les personnages grâce à de fortes interprétations. Vous adaptez-vous aux acteurs ?
 
Forcément. Maintenant quand on écrit la plus grande crainte c’est de ne pas rentrer dans les chaussons des acteurs. Parfois on se le dit « ah non ça c’est pas Fabienne » ou « Renaud pourrait dire ça ». Au fur et à mesure que l’on connaît les personnages c’est à la fois un plus car on sait que l’acteur va transcender ce qu’on écrit, mais en même temps c’est une angoisse car il faut être à la hauteur et surtout se renouveler.

 
 

En plus de ça les personnages évoluent au fil de la série…

 

Tout à fait et c’est très important pour la production. C’est ce qui nous permet, et c’est une chance inouïe, d’aborder des thèmes de société très actuels. Il faut vraiment dire bravo aux producteurs et à France Télévision car on pourrait se contenter de rester « safe ». Je crois qu’il faut également saluer le casting initial car ce sont vraiment des perles. Tous les enfants sont désormais professionnels et je trouve ça formidable car ce n’était pas évident au départ.

 
 

Montrer Marie Drucker en situation, parler de Hollande, d’admission post bac ou d’Ikéa, est-ce que ce sont de simples clins d’œil ou une réelle volonté de montrer au téléspectateur que ce pourraient être leurs voisins ?
 
C’est exactement ça. Ils font des choses que les Français font. Ils sont allés à Disneyland… Et on a tout fait pour qu’ils partent en vacances aux Antilles. D’ailleurs, les acteurs ont emmené leurs enfants sur le tournage qui sont devenus amis avec les acteurs adolescents. Lors de la prochaine saison, ils seront encore plus loin mais je ne peux pas de dire plus…

 

 

Les saisons sont de plus en plus courtes, est-ce uniquement dû à une disponibilité des acteurs qui s’amenuise ou à un léger essoufflement ?
 
Je pense qu’il vaut mieux faire 6 épisodes corrects que 12 n’importe comment. Il y a également un phénomène de starisation puisque les comédiens sont désormais davantage contactés par le cinéma et continuent à faire du théâtre.

 
 

Est-ce que la série a encore de belles années devant elle ou est-ce que le fait que les enfants soient de jeunes adultes va mettre un terme au concept ?
 
Eh bien…je ne dirai rien de plus ! (rires) On a Kim quand même donc dès l’instant où les parents deviennent grands-parents il y a une situation à montrer. Je pense que c’était une volonté des créateurs d’aller au bout de cette logique en montrant comment l’éducation que l’on a transmis à ses enfants se reflète dans leur propre éducation et comment nous, en tant que grands-parents, on se comporte.

 
 

Sarah Belnez pour Sereni Magazine.