Largement connu pour sa présence dans le célèbre Roundup de Monsanto, le glyphosate est l’un des herbicides à large spectre les plus utilisés au monde. Si sa nocivité est souvent remise en question, son utilisation n’est pas pour autant interdite.

 

Découvert en 1950 par le chimiste suisse Henri Martin du laboratoire pharmaceutique Cilag, le glyphosate a rapidement rejoint les rangs de Monsanto sous le nom de Roundup en 1974. Depuis l’expiration de son brevet américain en 2000, il a été commercialisé sous plusieurs noms commerciaux par plus de 40 sociétés. Aujourd’hui, le glyphosate est l’un des herbicides à large spectre les plus largement utilisés dans le monde et représente environ 25 % du marché mondial des désherbants. Sa capacité à désherber de manière simple et économique a largement séduit la plupart des agriculteurs ainsi que certains particuliers. De plus, il permet aux agriculteurs de semer directement dans les chaumes sans labourer la parcelle. Mais le glyphosate ne se cantonne pas aux champs. Selon une étude de l’Université de la Plata en Argentine, il serait présent dans 80% des tampons et des serviettes hygiéniques !

 

Le glyphosate représente environ 25 % du marché mondial des désherbants. Image du domaine public.

 

Et aujourd’hui ?

 

Dans l’Union européenne, les pesticides sont autorisés pour une période de dix ans. Mais s’il devait expirer en 2012, le glyphosate restait autorisé le temps de négocier son renouvellement, non pas pour dix ans mais pour quinze. Après plusieurs prolongations successives de son autorisation, les États membres attendaient les résultats d’un nouveau comité d’experts sur la substance pour pouvoir se prononcer en 2016. Lors d’une conférence de presse le 28 juin 2016, le Commissaire à la Santé a finalement annoncé que l’autorisation du glyphosate a été prolongée de 18 mois, malgré la promesse de Ségolène Royal. Le 2 mai 2016, en réponse à l’ONG Générations Futures, la Ministre de l’Environnement avait confirmé sur Twitter « que la France s’opposera le 18 mai au renouvellement du Glyphosate, substance cancérigène ».

 

Le glyphosate est-il dangereux pour la santé ?

 

Voilà une question qui fait débat. Plus récemment, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) -dont les États membres attendaient les résultats pour prendre une décision en 2016- a jugé «improbable» le risque cancérogène associé à ce produit. En mars 2015 pourtant, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), rattaché à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’avait classé comme « probablement cancérigène pour l’homme ». Plusieurs associations écologistes mettent en cause l’indépendance de l’EFSA et la soupçonne d’avoir trafiqué les données scientifiques afin de nier le caractère cancérogène du glyphosate. Pour le CIRC, qui a entre autre comme mission de classer les produits cancérigènes selon le degré de preuve scientifique disponible à un instant T, le glyphosate se situe au niveau 2 sur une échelle de 1 à 5 (où 1 est le plus fort niveau de certitude). Et si le CIRC estime qu’il y a des « preuves limitées du caractère carcinogène » du glyphosate pour le lymphome non-hodgkinien, le centre expert affirme qu’il existe des preuves « convaincantes » que le produit cause des cancers sur les animaux en laboratoire.

 

Sarah Belnez pour Sereni Magazine.