Par son intensité, l’orgasme féminin transcende et procure une sensation de bien-être indescriptible. Mais ce n’est pas son seul secret. Si certains s’interrogent sur la manière de l’atteindre, des scientifiques ont tenté de comprendre sa fonction.

 
 

Une femme sur deux rencontre régulièrement des difficultés pour atteindre l'orgasme. Image du domaine public.
Une femme sur deux rencontre régulièrement des difficultés pour atteindre l’orgasme. Image du domaine public.

 

Selon une étude menée par l’Ifop en décembre 2015, 49% des Françaises admettent avoir « assez régulièrement » des difficultés à atteindre l’orgasme. Pourtant, la plupart des femmes seront d’accord pour témoigner de la puissance de l’orgasme féminin. Un plaisir tellement intense qu’il ne cesse d’interroger les femmes, les hommes et les scientifiques. Mihaela Pavlicev, chercheuse en biologie à l’hôpital pour enfants de Cincinnati, et Günter Wagner, professeur à Yale se sont penchés sur la fonction de l’orgasme féminin. Pour cela, ils se sont intéressés à deux hormones qui accompagnent l’orgasme : la prolactine et l’ocytocine.

 
 

De la reproduction…

 

Chez l’homme, l’orgasme est rattaché à l’éjaculation et donc à un rôle reproductif. Les femmes n’ont quant à elles pas besoin de jouir pour concevoir. Mais selon Mihaela Pavlicev et Günter Wagner, cela n’a peut-être pas toujours été le cas. Après avoir observé de nombreux mammifères, ils ont constaté une évolution de l’ovulation induite vers l’ovulation cyclique (ou spontanée) pour certaines espèces. On parle d’ovulation induite par le mâle lorsque l’ovulation dépend des poussées d’hormones (la prolactine et l’ocytocine) qui accompagnent l’orgasme. L’ovulation cyclique n’a quant à elle aucun lien avec l’orgasme. Selon les scientifiques, l’ovulation cyclique est apparue chez certains mammifères il y a 75 millions d’années. Pour les chercheurs, cette évolution signifie que l’orgasme chez la femme avait un rôle reproductif prépondérant, devenu inutile par la suite.

 
 

…au plaisir

 

L’orgasme féminin aurait ainsi abandonné son rôle reproductif pour s’adonner uniquement au plaisir. Pour appuyer cette théorie, Mihaela Pavlicev et Günter Wagner ont fait remarquer que la position du clitoris avait évolué au fil du temps chez la femme. Chez les mammifères dont l’ovulation est induite par le mâle, le clitoris est très proche du vagin, voire à l’intérieur afin d’être plus facilement stimulé lors d’un rapport. Ainsi, l’orgasme a plus de chance d’être atteint et les décharges hormonales d’être effectuées. Mais chez les mammifères à ovulation cyclique, comme les femmes, le clitoris est éloigné du vagin, rendant la stimulation plus difficile. Selon les scientifiques, l’évolution du rôle de l’orgasme féminin s’expliquerait donc également grâce au déplacement du clitoris, qui s’est éloigné du vagin.

 

Le 11 décembre 2014, l’Ifop a publié une enquête menée sur 1 006 femmes à l’occasion de la journée mondiale de l’orgasme (21 décembre). Si 7% d’entre elles n’ont jamais connu l’orgasme, 78% des femmes ont atteint l’orgasme pendant un rapport sexuel avec une stimulation clitoridienne.

 

Mais le plaisir ne serait pas la seule fonction de l’orgasme féminin. Selon les scientifiques, il permettrait de favoriser et renforcer les liens dans une relation affective.

 
 

Sarah Belnez pour Sereni Magazine.