18/08/2011

Présents dans plusieurs milliers d’aliments, l’aspartame est sans doute l’édulcorant artificiel le plus consommé dans le monde, et parfois de manière totalement inaperçue.

Crédit Photo : Carlos Porto

Découvert en 1965 par J. Schlatter, un chimiste américain, l’aspartame est vite devenu le premier ersatz du saccharose. Introduit dans les aliments en 1981 aux États-Unis, il est autorisé en France en 1988 sous le code E951. Depuis il envahit le marché des produits alimentaires. Révolutionnaire pour certains, certains consommateurs s’interrogent encore sur son innocuité.


L’aspartame est un édulcorant artificiel au pouvoir sucrant 200 fois supérieur à celui du saccharose. Il a été découvert par un chimiste américain un peu par hasard. En pleine fabrication d’un médicament anti-ulcère, ce dernier aurait goûté le produit par erreur en humectant son doigt pour tourner une page. Le goût sucré fût une découverte inattendue. Depuis, l’aspartame est utilisé pour édulcorer des milliers d’aliments. Il est très souvent utilisé par les diabétiques car son goût sucré ne modifie pas pour autant le taux d’insuline ni la variation glycémique du consommateur. De plus, il ne favorise pas les caries , il est très peu cher et beaucoup moins calorique que le sucre. Ainsi, l’aspartame a conquis un bon nombre d’adeptes, et a envahi un nombre considérable de produits, médicaments compris.


Pourtant, de récentes études ont dévoilé le risque potentiel de la consommation d’aspartame. Ces études menées en 2005 par des chercheurs de la Fondation Européenne Ramzzini en Italie, montrent le danger cancérigène au niveau du cerveau de l’aspartame. Sur 60 000 femmes enceintes, celles qui consommaient de l’aspartame avaient plus de risques d’avoir une naissance avant terme. Des tests sur les rats ont aussi montré que l’exposition à de hautes doses d’aspartame induisait des tumeurs au foie et au poumon.


Ces résultats inquiétants ont alerté les agences agroalimentaires, mais le 28 février 2011, l’EFSA (European Food Safety Authority) a jugé non probants les résultats à charge des deux études portant sur le potentiel cancérigène de l’aspartame. L’OMS quant à elle a rappelé que la dose journalière admissible d’aspartame est de 40mg par kilo de poids corporel. Finalement, aucune étude n’a réussi a véritablement prouver le danger réel de l’aspartame. Pourtant, aux États-Unis, les plaintes se multiplient concernant ce produit et de nombreuses associations alertent les consommateurs sur sa probable nocivité pour l’homme. Quand on sait que derrière l’aspartame, ce sont les plus gros groupes agro-alimentaires ainsi que des personnalités politiques qui ont permit sa commercialisation (l’entreprise Searle, où travaillait J. Schlatter, avait pour patron Donald Rumsfeld, futur secrétaire de la Maison Blanche) , on peut devenir suspicieux.


Prévenir plutôt que guérir peut-on penser. La véritable question derrière l’aspartame réside sans doute dans notre comportement alimentaire. Si l’aspartame est utilisé par les diabétiques, la majorité des consommateurs l’utilisent pour son pouvoir sucrant peu calorique. Pouvoir manger plus, avec moins de kilos sur la balance. Pourtant, aucune étude ne prouve que consommer de l’aspartame ferait perdre du poids.

En réalité, à partir du moment où l’on consomme des produits chimiques (le sucre de canne ne l’est pas), on s’expose forcément à des risques. La technologie nous permet de nous nourrir, sans nous nourrir vraiment. Certaines boissons « light » ne contiennent quasiment aucun produit naturel! Alors au-delà des polémique, l’aspartame soulève un véritable enjeu alimentaire, pour la santé de l’homme, mais aussi pour la planète. Préférez des produits transformés à des produits naturels, a des conséquences évidentes sur l’écologie et l’économie, ainsi que sur notre corps.

Et en y réfléchissant, ajouter un goût sucré sur nos aliments n’est-ce pas masquer et oublier la diversité gustative d’une alimentation équilibrée?


• Élise Lambert, pour www.sereni.org