Selon le dictionnaire Larousse, l’effet placebo correspond à une « préparation dépourvue de tout principe actif, utilisée à la place d’un médicament pour son effet psychologique ». Mais comment fonctionne l’effet placebo ? Est-il réellement efficace ?

 
 

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L’effet placebo met en lumière le lien incroyable qui existe entre le corps et l’esprit. Image du domaine public.

 

Connu depuis des siècles, l’effet placebo a pourtant été longtemps critiqué. Pour beaucoup, il signifiait que la maladie était imaginaire. Pourtant, la science a prouvé à plusieurs reprises qu’il produit des effets biologiques sur l’organisme et agit dans plus de 35% des cas. Le fonctionnement du placebo est déterminé par de nombreux facteurs comme la confiance que l’on a en notre médecin, la mémoire, l’espoir de guérison, etc. Les allergies, l’anxiété, l’insomnie, les troubles gastro-intestinaux sont les maladies les plus sensibles à l’effet placebo. Pour comprendre l’effet placebo, il faut se pencher sur les travaux du physiologiste Russe Ivan Pavlov. Célèbre pour son expérience avec le chien qui salive lorsque la cloche annonçant l’heure du repas sonne, le scientifique a révélé un type d’apprentissage par conditionnement connu sous l’expression « réflexe conditionnel ». Le conditionnement pavlovien explique pourquoi l’on peut frissonner en observant de la neige, rigoler avant même que la main de notre ami nous touche le ventre ou se sentir mieux juste en ayant vu notre médecin. Pour notre organisme, la prise de rendez-vous chez le médecin, l’attente dans son cabinet, l’ordonnance et la prise de médicament sont autant d’évènements associés au même résultat : la guérison.

 
 

Efficace même en le sachant ?

 

L’effet placebo met en lumière le lien incroyable qui existe entre le corps et l’esprit. Mais l’effet placebo est également indispensable dans un essai clinique (dit « randomisé ») puisqu’il permet de vérifier l’efficacité d’un médicament. Pour cela, on procède à un traitement en aveugle, c’est-à-dire que le patient ignore ce qui lui est administré, ou en double-aveugle, le patient et le médecin ignorent ce que le patient ingère. Plus incroyable encore, dans une étude publiée dans le journal scientifique PLoS ONE le 22 décembre 2010, le professeur Ted Kaptchuk du centre de recherche Osher de l’École de médecine de Harvard suggère que le placebo fonctionne même lorsque les patients sont au courant d’ingérer un placebo. Il a ainsi réuni 80 patients souffrant du syndrome de l’intestin irritable et les a séparé en deux groupes : le premier ne recevait pas de traitement tandis que le second recevait des pilules placebo (du sucre) deux fois par jour. Les docteurs ont informé les patients du second groupe qu’il s’agissait de pilules placebo tout en précisant qu’ils n’avaient pas besoin de croire à l’effet placebo. Les résultats ont révélé que les patients sous placebo ont en effet montré des signes d’amélioration, même s’ils étaient conscients de prendre des pilules dépourvues de principe actif et même s’ils ne croyaient pas en l’effet placebo.

 
 

Plus ou moins efficace selon les gènes

 

Si l’effet placebo existe peu importe l’âge ou le sexe, il serait plus efficace chez certaines personnes que d’autres. Selon une étude parue le 15 avril 2015 dans le journal Trends in Molecular Medicine, la scientifique Kathryn Hall de l’École de médecine de Harvard suggère une prédisposition génétique à une certaine sensibilité aux placebos. Ainsi, il existerait 11 gènes qui favorisent l’activation des mécanismes cérébraux relatifs à l’effet placebo.

 
 

L’effet inverse dit nocebo

 

À l’inverse du placebo, il existe un médicament également dépourvu de principe actif qui peut occasionner des effets secondaires désagréables : le nocebo. Comme pour le placebo, ce n’est pas sa composition mais l’attente que l’on a à son égard qui agit.

 
 

Sarah Belnez pour Sereni Magazine.