Depuis le 1er mars 2017, les médecins peuvent prescrire une pratique sportive aux patients souffrant d’affections de longue durée (ALD). Quelles sont les caractéristiques du sport sur ordonnance ?
En France, 10 millions à 11 millions de personnes souffrent d’une affection de longue durée (ALD). L’Insee définit l’ALD comme « une maladie chronique comportant un traitement prolongé et une thérapeutique particulièrement coûteuse » comme le diabète, les tumeurs malignes, les maladies psychiatriques de longue durée, etc. La liste officielle disponible sur le site de l’Assurance maladie recense une trentaine de maladies. Si le dispositif des ALD a été mis en place dès la création de la Sécurité sociale, la loi du 13 août 2004 l’a modifié. Son application est notamment caractérisée par un nouveau protocole de soins établi par le médecin traitant, validé par le médecin conseil de la Sécurité sociale puis signé par le patient. Depuis le 1er mars 2017, les médecins peuvent en effet prescrire de l’activité physique à leurs patients souffrant d’une ALD. Ce changement majeur découle du décret présent dans la loi santé de janvier 2016. La volonté de ce décret est de faire reconnaître légalement le sport comme une thérapeutique à part entière. Et si les médecins traitants peuvent désormais réaliser un bilan définissant quelle prise en charge sportive pourrait être bénéfique à leurs patients, la promesse n’est pas entièrement tenue. En effet, les formulaires spécifiques délivrés par les médecins traitants permettent aux patients souffrant d’ALD de se tourner vers les professeurs de sport et les professionnels de santé (notamment les kinésithérapeutes), mais les activités physiques ne seront pas prises en charge par la Sécurité sociale.
Un flou financier
Si ce décret est une belle avancée puisqu’il intègre dans la loi la valeur thérapeutique du sport, il demeure très flou quant aux questions financières. L’absence de prise en charge par la Sécurité sociale inquiète les spécialistes de la santé qui craignent un accroissement des inégalités sociales de santé. Pourtant, une prise en charge généralisée semble bénéfique autant pour la Sécurité sociale que pour les patients si le sport sur ordonnance permet de diminuer voir de supprimer le traitement médicamenteux. Pour le moment, seules quelques villes comme Strasbourg et certaines mutuelles proposent des garanties « Sport sur ordonnance ».
Des activités physiques spécifiques
Avec ce décret, la loi considère comme activité physique « la pratique dans un contexte d’activité du quotidien, de loisir, de sport ou d’exercices programmés, des mouvements corporels produits par les muscles squelettiques, basée sur les aptitudes et les motivations des personnes ayant des besoins spécifiques qui les empêchent de pratiquer dans des conditions ordinaires ». Les activités physiques prescrites par les médecins traitants ont pour objectif de diminuer les facteurs de risque liés à l’ALD dont souffrent les patients. Le médecin traitant est supposé pouvoir définir le type d’activité physique et sportive ainsi que la fréquence les mieux adaptés à son patient. Les activités physiques se distinguent des séances de rééducation dispensées par les professionnels de santé.
Sarah Belnez pour Sereni Magazine.