Le 20 juillet 2016, l’Assemblée nationale a interdit les néonicotinoïdes, ces insecticides « tueurs d’abeilles ». Mais que signifie réellement cette démarche ? Ces insectes si importants à l’écosystème sont-ils hors de danger ?

 
 

Les abeilles sont-elles sauvées. Image du domaine public.
Les abeilles vont-elles être sauvées ? Image du domaine public.

 

Quatre ans après l’annonce du Président François Hollande, le projet de loi « pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages » a définitivement été adopté par l’Assemblée nationale le mercredi 20 juillet 2016. Un moment fort pour les défenseurs des abeilles qui voient une interdiction en deux temps des néonicotinoïdes, ces insecticides « tueurs d’abeilles ».

 
 

Qu’est-ce que les néonicotinoïdes ?

 
L’abeille à miel (Apis mellifera) est un acteur incontournable de l’agriculture puisque c’est le pollinisateur principal. En s’intéressant à son déclin, des chercheurs de l’Institut de la santé des abeilles de l’université de Berne (Suisse) ont découvert l’impact des néonicotinoïdes. Utilisée depuis 1994, la famille des néonicotinoïdes représente environ 40 % du marché mondial des insecticides agricoles. Les abeilles sont des victimes collatérales de ces insecticides neurotoxiques qui circulent dans tout le système vasculaire de la plante. Peu nombreux mais essentiels à la survie de leur espèce, les abeilles mâles sont la cible principale des néonicotinoïdes. L’étude des chercheurs suisses a montré que les mâles exposés au thiaméthoxame et au clothianidine, deux insecticides de la famille des néonicotinoïdes, présentaient une durée de vie moindre. De plus, leur quantité de sperme est réduite de 39 % avec une viabilité moindre.

 
 
Une victoire écologique mitigée

 

Si l’adoption du projet de loi « pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages » marque une avancée pour la protection des insectes pollinisateurs, l’environnement en général et la santé, il montre également une vitesse d’application contestable. Alors qu’il prévoit l’interdiction des néonicotinoïdes en 2018, soit deux ans après le vote définitif, le projet de loi permet également des exceptions jusqu’au 1er juillet 2020. L’article 51 autorise en effet l’obtention de dérogations par arrêté conjoint des ministres de l’agriculture, de l’environnement et de la santé, sur la base d’un rapport sur les molécules de substitution, que l’Agence de sécurité sanitaire devra rendre à la fin de l’année. Elles seront possibles en cas d’absence d’alternative aux néonicotinoïdes. Pourtant, selon l’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF) « des rotations pertinentes des parcelles, ainsi qu’une bonne gestion agronomique permettent à elles seules de résoudre une grande partie des problèmes en grande culture ». Bio-contrôle, prophylaxie, filets anti- insectes, lutte biologique… Il existe de nombreuses méthodes alternatives aux néonicotinoïdes pour protéger les productions de fruits et légumes. Des solutions également conseillées par le Parlement Européen.

 
Il faudra donc attendre deux voire quatre ans pour que le projet de loi tant attendu prenne réellement vie.

 
 
Sarah Belnez pour Sereni Magazine.