Déjà oubliée du grand public, la loi relative à la transition énergétique promulguée le 17 août 2015 demeure pourtant la ligne verte du quinquennat du Président de la République François Hollande.

 
 

Baisser de 75 à 50% la part de l’électricité d’origine nucléaire dès 2025, réduire de moitié la quantité d’énergie consommée en 2050 (par rapport à 2012), développer la recherche et favoriser l’innovation dans les domaines de l’énergie et du bâtiment, créer des emplois…tels sont les objectifs de la loi relative à la transition énergétique et pour la croissance verte, adoptée le 22 juillet 2015 et promulguée le 17 août 2015. Une loi audacieuse qui fait rire les fatalistes et les climatosceptiques. Ont-ils raison ? Cette loi est-elle l’espoir d’un nouveau modèle énergétique ou un os à ronger pour les écocitoyens déçus ? Les activités humaines nuisibles à l’environnement sont-elles irréversibles ?

 
 

 
 
Des gestes individuels aux pas de géants
 

Promulguée le 17 août 2015, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte tend à lutter contre le dérèglement climatique tout en renforçant l’indépendance énergétique de la France. Juste entre la fin des sacs plastique à usage unique et de la participation de l’employeur aux frais de déplacement de ses salariés en vélo ou en vélo électrique, la loi relative à la transition énergétique est le point de départ d’un nouveau modèle énergétique qui permettrait à la France de devenir une puissance écologique de premier plan.

 
 
Construire l’énergie de demain
 

Le secteur du bâtiment représente le plus important consommateur d'énergie en France. Image du domaine public.
Le secteur du bâtiment représente le plus important consommateur d’énergie en France. Image du domaine public.

Si beaucoup de mesures immédiates concernent la majorité des Français, le secteur du bâtiment demeure l’un des leviers principaux de la loi relative à la transition énergétique. Selon le Ministère de l’Environnement, « le secteur du bâtiment représentait 44% de la consommation énergétique française en 2012. Il représente le plus important consommateur d’énergie et constitue un gisement majeur d’efficacité énergétique ». Avec 123 millions de tonnes de CO2 émises par an, il serait effectivement inconscient de ne pas placer le secteur du bâtiment au centre des objectifs énergétiques. Mais certaines sociétés n’attendent pas les directives environnementales données par l’État pour agir. L’entreprise familiale de construction de maisons Moyse est l’une des seules sociétés Bourguignonnes à proposer des maisons passives, qui se passent de tout système de chauffage. Pour Renaud Delaby, commercial chargé de développer les maisons passives au sein de l’entreprise, cela demande un investissement 15% à 20% supérieur à une maison basique rentabilisé en 15 ans. Et si la majorité des clients préfèrent privilégier leur portefeuille, « des clients viennent spécifiquement pour être engagés dans une démarche écoresponsable, minimiser leur impact environnement en ayant une maison qui ne consomme pas d’énergie et être indépendants énergétiquement ». Si le jeune commercial reconnait « positif que l’Etat soit dans un processus de réduire notre soumission à l’énergie fossile », il aimerait que cela représente « un axe majeur et un vecteur de développement économique ». Une dynamique qui reconnaitrait et imposerait plus rapidement la construction passive en France dont le label demeure pour l’instant Allemand.

 
 

COP21 et loi relative à la transition énergétique, meilleures ennemies ?

 

Elles auraient pu être inséparables et pourtant… La COP21 et la loi relative à la transition énergétique semblent partir du mauvais pied comme en témoigne le bilan prévisionnel 2015-2020 présenté par François Brottes, ex-député et acteur central de la loi Transition énergétique, désormais président du réseau de transport national d’électricité (RTE). Si les exemples d’incompatibilité ne manquent pas, celui concernant les émissions de CO2 est redoutable. D’après le bilan prévisionnel de la RTE, la consommation énergétique des Français selon les règles de la loi relative à la transition énergétique n’aidera pas, voire sera un frein au processus de réduction des émissions de CO2 dans lequel la France s’est engagée lors de la COP21.

 
 
 

Mais au-delà de ses objectifs ambitieux, la loi relative à la transition énergétique pose un gros problème de réalisation : comment monter un meuble lorsque l’on ne dispose pas de la notice de montage ? En effet, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), boussole indispensable de cette loi demeure introuvable. Censée être présentée avant la COP21, la PPE donne les directives concrètes pour mener à bien les objectifs de la loi. Il ne reste plus qu’à espérer que le Gouvernement fasse le ménage d’ici la COP22.

 
 

Sarah Belnez pour Sereni Magazine.