Paysan, philosophe, auteur et conférencier, Pierre Rabhi est l’un des pionniers de l’agroécologie en France. En quête permanente d’une harmonie respectueuse entre l’Homme et notre Terre-Mère, Pierre Rabhi a su éveiller les consciences de plusieurs générations.
Né dans une oasis du Sud algérien, Pierre Rabhi est arrivé en France dans les années 1950. Rapidement, son travail d’ouvrier dans une usine Parisienne le pousse à remettre en cause les valeurs de productivisme et de compétition de la société moderne. Il choisit alors de s’installer avec sa famille dans une ferme en Ardèche. C’est dans cette ferme qu’il tournera le dos à l’agriculture intensive pour rechercher des techniques agricoles plus respectueuses de la Nature.
L’agroécologie, un tournant décisif
Dans les années 70’, Pierre Rabhi se révèlera être l’un des pionniers de l’agroécologie, aux côtés d’autres personnages emblématiques tels que René Dumont, Georges Toutain, Marc Dufumier ou Dominique Soltner. Terme utilisé pour la première fois en 1928 par Basil Bensin, un agronome américain d’origine russe, l’agroécologie est définie en 1995 comme étant « la science de la gestion des ressources naturelles au bénéfice des plus démunis confrontés à un environnement défavorable » par Miguel Altieri, professeur à l’Université de Berkeley. Après avoir approfondi les méthodes de l’agroécologie, Pierre Rabhi devient chargé de formation en agroécologie par le CEFRA (Centre d’étude et de formation rurales appliquées) en 1978. Sur cette lancée, il se rend trois ans plus tard au Burkina Faso en tant que « paysan sans frontières » à la demande du gouvernement de ce pays et avec le soutien du Centre de relations internationales entre agriculteurs pour le développement (CRIAD). Depuis cette expérience, il n’a cessé de créer des structures de sensibilisation à cette agriculture respectueuse de la Nature.
Réfléchir, créer, développer
Pierre Rabhi ne s’est pas contenté d’appliquer sa vision de l’agriculture dans sa ferme ardéchoise et a rapidement montré sa volonté de la partager au plus grand nombre. Ainsi, il crée en 1985 un centre de formation en agroécologie à Gorom-Gorom notamment grâce à l’appui de l’association Le Point-Mulhouse. Trois ans plus tard, il fonde le Carrefour international d’échanges de pratiques appliquées au développement (CIEPAD) avec le soutien du conseil général de l’Hérault. C’est en 1992 qu’il fonde l’association Les Amis de Pierre Rabhi, rebaptisée Terre & Humanisme en 1998. Cette association est le reflet de Pierre Rabhi puisqu’elle a pour objectif la promotion et la transmission de l’agroécologie. Ses actions sont largement reconnues et il sera même appelé par l’ONU en 1997 et 1998 pour proposer des idées dans le cadre de l’élaboration de la convention de lutte contre la désertification (CCD).
Des projets immortels
Alors qu’on ne le prenait pas forcément au sérieux dans sa petite ferme, l’engouement créé autour de Pierre Rabhi et de sa vision de l’agriculture a rapidement bousculé les idées. Du Mouvement Colibri au manifeste des Oasis en Tous Lieux en passant par le centre agroécologique Les Amanins et la ferme des enfants-Hameau des Buis, Pierre Rabhi est l’initiateur de nombreux mouvements et structures qui agissent en faveur du respect de la Nature. Son énergie et sa détermination ont donné naissance à de nombreuses consciences écologiques.
Pour faire vivre son œuvre et mieux la connaître, de nombreux documentaires ont vu le jour. Au Nom de la Terre est un reportage emblématique du travail de Pierre Rabhi où il explique son parcours.
Sarah Belnez pour Sereni Magazine.