Souvent décriée mais largement consommée, l’huile de palme est un aliment controversé. Son impact environnemental pousse de nombreuses personnes à la boycotter. Est-ce la bonne solution ?
Le palmier à huile est un arbre tropical qui pousse dans les régions proches de l’équateur. Les palmeraies – parcelles agricoles destinées à la culture des palmiers – d’où est issue l’huile de palme consommée se trouvent principalement en Indonésie et en Malaisie (producteurs de 80% des stocks), mais également en Amérique latine et en Afrique de l’Ouest. Les fruits du palmier à huile sont jaunes orangés et ont la taille d’une grosse noix. Ils sont récoltés par grappes avant d’être séparés puis ouvert. L’extraction par pression à chaud permet d’obtenir l’huile de palme : l’huile végétale la plus répandue dans le monde. Sa production est passée de 15,2 millions de tonnes en 1995, contre 60 millions de tonnes aujourd’hui.
Est-elle mauvaise pour la santé ?
Si l’huile de palme est souvent perçue comme néfaste, la situation est un peu plus compliquée. Selon le Dr Jean-Louis Thillier interrogé par agriculture et environnement, « les huiles végétales brutes ou raffinées, dont l’huile de palme, ne sont pas des « poisons ». Sur le plan nutritionnel, l’huile de palme brute est même de bonne qualité ». Elle contient 50 % d’acides gras saturés, 40% d’acides gras monoinsaturés, 10 % d’acides gras polyinsaturés, de la vitamine A et de la vitamine E. Sa composition peut cependant varier en fonction de facteurs géographiques, tels que le sol, le climat et le type de palmier à huile. Après l’extraction par pression à chaud, on convertit l’huile de palme brute en huile de palme raffinée afin de séparer l’huile de ses impuretés. Ce processus ne pose pas de problème sanitaire mais l’évolution des consommateurs vers des plats cuisinés a poussé l’industrie agroalimentaire à s’adapter. Il leur a donc fallu se tourner vers une matière grasse :
– ayant une consistance solide à température ambiante (donc riche en acides gras saturés)
– qui permette une bonne conservation de l’aliment (remplacer les acides gras insaturés contenus dans les huiles végétales raffinées par des acides gras saturés)
– qui résiste aux températures de cuisson
– qui rende le produit alléchant
– avec un faible coût de production
Pour répondre à toutes ces contraintes, l’industrie agroalimentaire sépare les différents composants de l’huile de palme raffinée puis la fractionne par des moyens thermomécaniques. On obtient ainsi une fraction liquide à température ambiante, appelée oléine de palme, et une fraction solide, appelée stéarine de palme. L’oléine de palme conserve une composition semblable aux bonnes qualités nutritionnelles de l’huile de palme brute de première pression tandis que la stéarine de palme est « deux fois plus riche en acides gras saturés que le gras de porc ». Généralement utilisée par l’industrie agroalimentaire, elle est néfaste pour la santé si elle est consommée en excès. Parmi ses effets délétères, on note les maladies cardiovasculaires, l’obésité et le diabète.
Et pour l’environnement ?
Outre ses effets sur la santé, l’huile de palme a des conséquences terribles sur l’environnement. Selon WWF France, « le développement des palmiers à huile est et reste la principale cause de déforestation en Asie du Sud-Est ». Cette industrie menace les dernières forêts tropicales naturelles et les espèces qu’elles abritent comme les orangs-outangs, les éléphants de Sumatra ou encore les dernières populations de tigres. De plus, cet empiètement sur l’habitat de ces espèces crée des déplacements forcés de populations natives et entraîne des conflits sociaux. Cela représente également des forêts entières brûlées, relâchant ainsi dans l’atmosphère d’énormes quantités de gaz à effet de serre naturellement stockés. La WWF estime que d’ici à 2020, le développement du palmier à huile se fera encore à 60% en Indonésie, menaçant ainsi quatre autres millions d’hectares de forêts naturelles. Ce processus pourrait s’étendre sur la Papouasie-Nouvelle Guinée, l’Afrique et l’Amérique latine alors « qu’il existe des millions d’hectares déjà dégradés qui pourraient être utilisés pour la culture du palmier à huile ».
Cependant, la WWF n’appelle pas au boycott de l’huile de palme puisque les autres cultures ont besoin d’autant, voire plus, de surface cultivable que celle des palmiers à huile. Afin de trouver des solutions durables, la WWF participe au développement de la table ronde pour l’huile de palme durable RSPO (pour Round table of sustainable palm oil).
Sarah Belnez pour Sereni Magazine.