Après la découverte du virus de l’hépatite C, Marie* apprend que son corps est également perturbé par de nombreuses toxines chimiques. Mais le choc est d’autant plus violent lorsqu’elle remarque que les toxines détectées sont interdites depuis plus de 20 ans.
Quand et comment vous êtes-vous rendu compte de votre grande intolérance aux pesticides ?
À la fin de l’année 2003, j’étais dans un sale état après un premier traitement de 24 semaines pour me débarrasser du virus de l’hépatite C (VHC). Mon médecin référent m’avait conseillée de consulter un médecin « alternatif » afin de recevoir des soins pour m’aider à remonter la pente. Une fatigue extrême m’accablait. J’étais saturée des molécules chimiques (interféron et ribarivine) prises pendant les 24 semaines de traitement. L’enquête médicale a alors commencé et a fait apparaître que j’étais aussi perturbée par de nombreuses autres toxines chimiques.
Pouvez-vous me parler du moment où vous avez découvert des traces de pesticides dans votre corps ?
La découverte de pesticides dans mon corps a débuté à la fin de l’année 2003 grâce à un médecin disposant d’un équipement très particulier composé pour l’essentiel d’un capteur appliqué sur les différents points d’acupuncture et relié à une base de données informatique très vaste comportant des molécules susceptibles d’être trouvées dans les aliments. Le médecin m’indiquait les molécules suspectes repérées dans mon organisme (aldrine, dieldrine, isoproturon, dianizon, chlorothalonil, amitrole, etc.) et je menais mon enquête sur internet. C’est ainsi que j’ai appris que l’aldrine est un insecticide qui a longtemps été utilisé en agriculture avant d’être interdit. J’ai été frappée d’apprendre qu’une substance toxique à laquelle le corps a été exposé il y a fort longtemps (20 ans ou plus) peut être repérée dans l’organisme et continuer d’exercer ses effets délétères. Ces toxines trouvent refuge dans les tissus graisseux. Les poissons gras tels que les saumons sont aussi des hôtes de choix pour ces polluants qui circulent dans les rivières. Ces animaux qui ont la particularité de migrer se retrouvent à des milliers de kilomètres des lieux de contamination et alimentent des populations qui n’ont jamais été exposées directement aux polluants incriminés.
NB : En France, toute vente ou utilisation d’aldrine est interdite depuis octobre 1992.
Comment vivez-vous cette intolérance aujourd’hui ?
Ma santé est très fragile. Trois traitements ont été nécessaires pour me débarrasser du VHC. Le dernier a pris fin en avril 2014 après 43 semaines de traitement. J’avais atteint les limites du supportable et il a été nécessaire d’interrompre le traitement, qui devait durer 48 semaines, afin de ne pas me mettre en danger.
Afin de limiter la casse, je consomme exclusivement des aliments labellisés AB. Je ne suis pas née de la dernière pluie et je sais bien que l’alimentation biologique ne me met pas à l’abri de toutes les toxines chimiques. Le cahier des charges des producteurs est certainement fort contraignant. Quoi qu’il en soit, la législation européenne autorise un petit pourcentage de ‘cochonneries’ dans les produits dits AB. Je pense qu’on pourrait faire mieux même s’il est impossible d’atteindre le niveau ‘zéro toxine’. Je privilégie les enseignes spécialisées pour faire mes courses. Les prix varient fort d’un point de vente à un autre. Mais globalement, ils sont plus compétitifs que ceux pratiqués par la grande distribution, notamment pour les produits frais tels que les fruits et légumes.
*Le prénom a été changé.
Propos recueillis par Sarah Belnez pour Sereni Magazine.