25 ans après sa signature, le Traité de Maastricht est remis en cause et pousse même certains pays à quitter l’Union Européenne. Lui qui cherchait à rassembler les États membres est-il en train de nous diviser ?
Plus qu’un rassemblement économique, le Traité de Maastricht était l’espoir d’une cohésion politique essentielle au développement des pays membres. Le 7 février 1992, les 12 États membres de la Communauté économique européenne (CEE) créaient officiellement l’Union européenne (UE). Les trois piliers du Traité argumentaient de manière crédible cette promesse : les Communautés européennes, la Politique étrangère et de sécurité commune et la coopération policière et judiciaire en matière pénale. Mais 25 ans plus tard, l’indépendance des pays membres, les questions liées à l’immigration et surtout les décisions économiques découlant du Traité sont plus que jamais remises en question.
Des objectifs économiques inatteignables
Si le Traité de Maastricht avait pour objectif de dépasser la dimension économique des États membres de la CEE, se sont pourtant ses mesures économiques qui sont principalement responsables des dysfonctionnements de l’Union Européenne. Outre la remise en question de la création d’une monnaie unique, l’euro (2002), les principales critiques visent une incohérence entre les objectifs du Traité et la réalité économique avec notamment la règle des 3% de déficits publics. Or un rapport du Fonds Monétaire International (FMI) de mai 2015, visant à la réforme de la gouvernance fiscale européenne soulignait qu’une « règle de 3% de déficit n’est compatible avec un endettement de 60% sur le moyen terme que si la croissance nominale est de 5% ». Mais 25 ans plus tard, cette formule d’équilibre n’a pas tenu promesse puisque l’endettement et les déficits ont été nettement supérieurs aux chiffres attendus et que l’objectif des 5% de croissance n’a pas été rempli. Augmentation des taux d’intérêts, croissance faible, taux de chômage très important, crise économique… Les conséquences économiques liées au Traité de Maastricht sont nombreuses et donnent des arguments de poids aux eurosceptiques et aux eurocritiques. Aujourd’hui, ce constat négatif dépasse la sphère économique pour s’immiscer dans la politique des États membres de l’UE.
Quel bilan tirer ?
Le Traité de Maastricht a-t-il rempli ses objectifs économiques ? Il semble difficile de répondre par la positive en regardant le rapport du FMI. A-t-il permis une cohésion politique ? Si cette alliance a marché à une certaine époque, la voix des eurosceptiques se fait chaque jour entendre davantage et commence à sérieusement diviser l’opinion publique. Les nombreux accords comme le TAFTA, le CETA ou le TISA qui embarquent tous les pays membres de l’UE dans des engagements vivement critiqués par certains politiques et citoyens européens accentuent le phénomène de désunion ambiant. La question est désormais de savoir si nous devons définitivement dire adieu au Traité de Maastricht ou l’adapter à l’économie actuelle, notamment en modifiant les critères de convergences, établis lors de sa signature en 1992.
Sarah Belnez pour Sereni Magazine